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L’œuvre : Portrait de Luis María de Cistué y Martínez (1788-1842), dit El niño azul (L’Enfant bleu)
Le portrait de Luis Maria de Cistué, appelé aussi El niño azul en raison de la couleur bleu nuit de son costume, est l’un des plus beaux exemples de portraits d’enfants peints par Goya. Une inscription indique que le modèle a été représenté à l’âge de deux ans et huit mois, ce qui permet de dater le tableau de 1791. Seule représentation connue de ce héros de la guerre d’Espagne, filleul du roi Charles IV et de Marie Louise d’Espagne, 3e baron de la Menglana, l’œuvre est le dernier Goya entré au Louvre. Sa provenance est prestigieuse puisque la toile, restée dans la famille Cistué jusqu’en 1928, est entrée ensuite dans la collection de l’industriel américain John D. Rockefeller Jr. puis dans celle d’Yves Saint Laurent et de Pierre Bergé. La mise en page sobre et intimiste donne au jeune modèle une présence forte soulignée par le halo lumineux autour de sa silhouette qui se détache sur un fond neutre. La palette particulièrement raffinée associant le bleu nuit au rose de la large ceinture a pu inspirer à Yves Saint Laurent une célèbre robe en 1983. Grand spécialiste du portrait en général et habile interprète du portrait d’enfant, Goya sait en préserver l’innocence à travers une synthèse brillante entre la force de Velázquez, la douceur de Murillo et les idéaux des Lumières. L’artiste : Francisco de Goya (1746-1828)
Francisco de Goya (1746-1828) est sans doute le peintre espagnol le plus connu avec Velázquez. Originaire de Saragosse, il commence sa carrière à la cour de Madrid après un voyage en Italie. Grand portraitiste – il parvient à saisir parfaitement la psychologie et la vie intérieure de ses modèles – il réalise aussi de nombreux cartons de tapisserie montrant des scènes de la vie populaire et des jeux de l’enfance. En 1792, une maladie rend Goya sourd et change considérablement sa manière de vivre et de peindre. Sept ans plus tard paraissent les « Caprices » qui révèlent le génie de l’artiste dans le domaine de la gravure à travers une critique acerbe des mœurs et de la société de son temps. 1808 marque le début du tourbillon des évènements politiques qui s’ajoute au tumulte de sa vie personnelle. Napoléon envahit l’Espagne dans le sang, puis Ferdinand VII rétablit une monarchie réactionnaire. Goya est obsédé par les désastres physiques et moraux de cette guerre. Ses gravures et les « peintures noires » qui décorent sa maison témoignent de son monde intérieur où le rêve est souvent cauchemar. En 1824 il choisit finalement de s’exiler en France et meurt à Bordeaux quatre ans plus tard. Le musée du Louvre conserve un ensemble de sept portraits du maître et une nature morte. |
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